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La politique au quotidien
29 mai 2018

Pourquoi l'occident lâche-t-il ses alliés kurdes ?

                                                                                                                                                                                                     

abdullah Ocalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

 

 

 

 

 

 

Abdullah Ocalan, le chef du PKK

Les milices kurdes qui ont été le fer de lance du combat contre le groupe Etat islamique aussi bien en Syrie qu’en Irak ne sont plus soutenues depuis que la Turquie a été autorisée par les Etats-Unis à intervenir en Irak en tant que membre de l’OTAN en 2008. Pourquoi et comment les Occidentaux ont-ils laissé tomber leurs anciens alliés kurdes ?

Pour comprendre la question Kurde, il faut remonter à la conférence de paix de Paris en 1919. Cette conférence de paix organisée par les vainqueurs de la première guerre mondiale était une conférence internationale destinée à négocier les traités de paix entre les alliés et les vaincus. Lors de cette conférence, une frontière à été proposée par la délégation Kurde. Elle couvrait des morceaux de territoires turcs et iraniens et empiétait légèrement sur la Syrie et l’Irak. Aujourd’hui, il faut savoir que les kurdes se répartissent comme suit sur les quatre territoires : Turquie (19 millions), Irak (6 millions), Iran (8,5 millions) et Syrie (1 million). L’année suivante, lors du traité de Sèvres une partie bien plus restreinte a été proposée ne couvrant qu’une partie du territoire turc. Enfin, en 1945 une partie bien plus large comprenant une partie en Turquie et en Iran, le Kurdistan irakien et les régions pétrolifères de Mossoul et Kirkuk a été proposée lors de la 1ère conférence des Nations Unies, à San Francisco en 1945.

Deux états Kurdes ont vu le jour

A ce jour, seuls deux états kurdes ont existés de manière temporaire. Le premier fût la République de l’Ararat qui est un ancien État kurde auto-proclamé, dans l’est de l’actuelle Turquie, essentiellement dans la province d'agri. Il tire son nom du mont Ararat, utilisé comme symbole national. Cette République est proclamée en 1927 durant une rébellion kurde. Les Kurdes s’attendaient à avoir un État issu du démembrement de l'Empire Ottoman, mais furent déçus dans cet espoir. En effet, le nouvel État turc kémaliste refuse de reconnaître l’existence de la République de l'Ararat qu'il juge appartenir au territoire turque. Le gouvernement d'Ankara envoie l'armée pour reprendre le contrôle de la zone. 66 000 soldats et 100 avions sont mobilisés pour l'opération. Les Kurdes sont définitivement vaincus quatre ans plus tard et la Turquie reprend le contrôle du territoire.    La République de l’Ararat n’a jamais été reconnue par les autres États.  Le second moment ou un état kurde a existé fut en 1945 dans un contexte de guerre froide lors de la crise irano-soviétique entre les Etats-Unis et l’URSS. Sa création a été proclamé en Iran, il a été baptisé République de Mahabad et n’a existé que 10 mois, écrasé puis suivi d’une répression de la part de l’armée Iranienne. Archibald Roosevelt , fils du président des Etats-Unis Theodore Roosevelt, a écrit dans La République kurde de Mahabad, que le principal problème de la république de Mahabad était qu’elle avait besoin de l’aide soviétique. Mais cette alliance avec l’Armée rouge provoqua un désaccord entre de nombreuses tribus kurdes.

Un état non-désiré mais déjà structuré

Le point cardinal qui coalise les différentes forces contre les Kurdes, c’est la peur qu’ils cherchent de nouveau à créer un état et cela inquiète notamment en Turquie où nous l’avons vu plus haut la communauté kurde est la plus importante avec  19 millions de personnes dans un pays qui compte approximativement 80 millions de personnes. Il représente donc un quart de la population et dispose d’un groupe armé puissant et structuré le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).  Ce dernier est en opposition armée sous la forme d’une guérilla larvée depuis 1984 avec la Turquie. Ce mouvement à plusieurs fois changé d’idéologie. Marxiste-léniniste entre 1978 et 1994, il est devenu marxiste- nationaliste de 1994 à 2005 et depuis 2005 il revendique une autonomie ainsi qu’une démocratie directe.

Un changement d’alliances tactique

Dans un premier temps allié aux occidentaux contre l’Etat Islamique aux cotés de différentes factions, les Kurdes étaient montrés en exemple pour leur courage au combat. Tout portait à croire que le troisième état kurde allait être proclamé en récompense de leurs efforts fournis face à l’état islamique. Et ce jusqu’en 2008, moment où les Etats-Unis ont fait le choix de ne plus soutenir les Kurdes pour favoriser la Turquie. La Turquie en tant que membre de l’OTAN et pays reconnu au niveau international était un allié bien plus conséquent pour les Etats-Unis. En effet elle est la deuxième armée en termes d’effectifs de l’OTAN après l’armée américaine et la huitième armée au niveau mondial. Cependant ce choix n’est pas sans conséquence sur la géopolitique de la région car il pourrait pousser les Kurdes à rejoindre l’arc chiite (Iran, forces régulières Syriennes, Hezbollah, forces régulières Irakiennes) plus la Russie qui s’oppose au camp comprenant les  Etats-Unis, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Des négociations entre les Kurdes syriens et les Russes seraient mêmes déjà en cours leur promettant encore et toujours une autonomie voir un véritable état en Syrie.

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